Reseña "Pío Pío"
Chronique
Une fulgurance, et puis (presque) plus rien : voici le frustrant bilan qu’on pourra tirer de ce premier album de Single. Ce sont pourtant des musiciens chevronnés que l’on retrouve au générique, et notamment Teresa Iturrioz et Ibon Errazkin, qui en plus de vingt ans ont officié au sein de plusieurs formations, dont notamment Le Mans.
On a beau faire, on ne parvient pas à comprendre. Pío Pío, le morceau-titre, est tout simplement magistral : comment rester de marbre face à cette succession de motifs pointillistes déclinés comme autant de haikus mélodiques et sertis sur un élégant canevas rythmique chaloupé ? A peine les dernières notes envolées, on serait prêt à aligner les superlatifs, à affoler les classements… jusqu’au moment où, par acquis de conscience, on se reconcentre sur la musique.
Nous aurait-on menti ? Comment peut-on croire que le fascinant mystère Pío Pío et les fadaises qui lui succèdent sont l’œuvre du même groupe ? Ebahi, on écoute défiler ce chapelet inexplicable de chansons anonymes et sans saveur. Single tente d’aborder plusieurs genres (un pseudo-reggae se réappropriant maladroitement les mélodies des cuivres du Revolution Rock du Clash, un faux rap sans ressort) avec une égale maladresse. Certes, le son est léché, les instrumentations ouvragées, on a bien conscience que rien ici n’a été bâclé : on doit juste constater avec désolation que tout le travail du monde ne peut pas masquer l’absence flagrante d’une inspiration qui semble s’être toute entière concentrée sur les cinq minutes de Pío Pío, qui restera sans doute comme une des grandes chansons de l’année.
Si quelques timides tentatives viennent sauver Single du naufrage (l’introduction de Honey, avec ses guitares sur fonds de rythmes heurtés), toute la seconde partie de l’album distille un ennui insondable. Tout cela méritait-il réellement quinze titres et près d’une heure ? Qu’il nous soit permis d’en douter…
Par Tristan
Single [Indiepoprock]
foto: Archivo Elefant
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